Le froid est tombé si soudain sur octobre ! Quelle grâce de pouvoir se réchauffer au Centre national du livre dans le feu doux des vers mystérieusement simples de Milosz. (O. V. de L. Milosz, pas Czesław, le cousin nobelisé en 1980).
D'autant que l'oeuvre de Oscar Vladislas de Lubicz-Milosz (1877-1939), aujourd'hui en jachère, n'est pas facile à trouver. Initialement éditée par André Silvaire son oeuvre complète, quasi indisponible mais désormais chue dans le domaine public, pourrait cependant retrouver une vie a minima électronique. L'association de ses Amis s'y emploie et on croit savoir que certains experts de la chose livresque numérique se remuent dans ce sens.
Jean-Baptiste Para |
Jean-Baptiste Para, poète, critique, traducteur d'italien et de russe, introduit le grand
homme à ne pas oublier. Eléments biographiques, analyses et même un extrait d'une conférence du Milosz diplomate dont l'intérêt est de montrer comment la Lituanie est par lui décrite comme sa propre poésie est, c'est-à-dire avec tout le
lexique du flou et la récurrence d'un mot : vieux.
Pourtant ! Son environnement
intellectuel de jeunesse, tout sauf flou, fut celui des Symbolistes russes : Alexandre Blok, Natalie Gontcharova et ce Vjačeslav Ivanov qui
voulait aller « A realibus ad realiora », du réel au plus réel parce
que la Révolution piétinait. Balloté entre des langues dont aucune ne lui est maternelle, Milosz choisira de n'écrire qu'en Français, la langue de sa gouvernante.
Claude Aufaure |
Chevronné, le comédien Claude Aufaure
fait sonner ses deux voix - celle des cavernes et celle des anges – pour dire
Milosz : "Les morts sont au
fond moins morts que moi." (lien vers le poème complet "Tous les morts sont ivres" sur le site de Valérie Brantôme) Seul compte pour lui non l’ancienneté
mais la « profondeur du temps », comme l'explicite Para.
Ainsi ce « En attendant les clefs, dormez un peu madame » qui tant suggère
l’étirement du temps. Comme si des heures allaient passer avant que
n’arrivent les clefs.
C’est qu’à la fin, l'infini est
derrière, alors qu’il était en deçà au début de la carrière. Pour finir, il est
peut-être devant, quand vers sa fin Milosz ne produit plus qu'un poème par
an, mystique, au seuil jamais franchi de la sérénité.
Il cesse d'écrire en 1927, meurt en 1939, mais la fin est
le temps de la joie. "Le cantique du printemps", tout en
beautés, scande à l'envi "Que le monde est beau ! " tout
au long répété comme une antienne d’affirmation de foi... ou un désir, déjà, de transformation alchimique.
AxoDom
Savoir plus : Association des amis d'Oscar Milosz c/o J. Kohler, 14 rue Lagille 75018 Paris qui, entre autres activités, édite ses Cahiers.
Goûter plus : le très personnel texte de Gil Pressnitzer sur le site Esprits nomades avec une sélection de poèmes.
En attendant les oeuvres complètes : « La Berline arrêtée dans la nuit », anthologie poétique, édition de Jean-Baptiste Para préface de Jean Bellemin-Noël, postface de Czeslaw Milosz (Poésie/Gallimard, Paris, 1999).
NB : De retour sur Terre, on apprend le lendemain que la Commission poésie du CNL a diffusé un communiqué faisant état du soutien qu'elle entend apporter au Printemps des Poètes, toujours dans la tourmente... (voir plus bas l'article de synthèse, entre autres).
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