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lundi 11 juin 2012

Vous n'avez jamais entendu Haendel comme ça


Du couronnement aux royales funérailles...
Si les diamants sont éternels, les musiques royales que l'Allemand Georg Friedrich Händel - devenu Georges Frideric Handel et que nous français appelons Haendel - nous restent à jamais comme un vrai joyau. 

Couronnement ou funérailles, il réussit à nous émouvoir encore aujourd'hui du destin de "royaux" aussi oubliés que cette Queen Caroline en qui Voltaire voyait "un philosophe aimable sur le trône" ou ce duc de Chandos qui s'était tellement enrichi pendant la guerre qu'il a eu de quoi construire d'élégants châteaux et commander de la belle musique à Haendel.

Tout cela pour partager un moment de bonheur vécu grâce au Palais Royal, nom d'une épatante formation de musique baroque grâce à qui nos idées sur Haendel ont explosé l'autre samedi. Oubliés les pesants "Water music" et autres "Feux d'artifices royaux" devenus inaudibles à force de pompe et d'utilisation commerciale. 

Quelle bonne idée de nous tourner les oreilles vers des pièces moins connues - de béotiens comme nous en tout cas. Ainsi ces antiennes (anthems) de joie et de peine, c'est-à-dire écrits pour les petites fêtes de famille de la Couronne et des Grands d'Angleterre (voir détails du programme ci-dessous). 

John Milton et maître Shakespeare avec nous ! 

" As steals the morn upon the night,
And melts the shades away :
So truth does fancy's charm dissolve,
And rising reason puts to flight
The fumes that did the mind involve,
Restoring intellectual day. "
(De même que le jour naît discrètement de la nuit en effaçant les ombres, de même la vérité dissout les charmes de l'imagination et la raison qui surgit fait s'envoler les vapeurs qui encombraient l'esprit en remettant l'intelligence au jour.)
 Ainsi, s'inspirant de poèmes de John Milton, écrivait en 1740 Charles Jennens, librettiste de Haendel dans "L'Allegro, il Pensiero ed il Moderato" : autant dire l'homme joyeux, l'homme songeur et leur réconciliation en l'homme modéré. Selon certains, ce texte serait une libre adaptation à partir d'une envolée de Prospero dans "La Tempête". De fait, on trouve dans la scène 1 de l'acte 5 sous la plume de Shakespeare ceci :

(...) The charm dissolves apace,
And as the morning steals upon the night,
Melting the darkness, so their rising senses
Begin to chase the ignorant fumes that mantle
Their clearer reason. (...)
A découvrir en tout cas en un duo lumineusement chanté par la soprano Hasnaa Bennani et le ténor Mathias Vidal dans l'ébouriffant programme Haendel, musiques royales de cet ensemble dirigé par Jean-Philippe Sarcos. 

Si vous êtes parisiens cette semaine, courrez les entendre à la cathédrale américaine le 13 juin (21h) ou à l'église Notre-Dame du Liban le 14 juin 2012 (21h). 

Une vingtaine de chanteurs, presqu'autant d'instrumentistes... et tout est joué par coeur. Au-delà de la prouesse de mémorisation, cela change réellement l’expressivité et la façon dont l'auditoire reçoit le texte et la musique. Texte que lui, l'heureux auditoire, a sous les yeux, en anglais et en français, dans un livret-programme très fourni dont les multiples entrées (historique, musicologique, anecdotique, sans oublier les interprètes, les choix musicaux et jusqu'aux éléments de contexte historique...) fournissent une aide très efficace pour entrer dans cette musique extrêmement dynamique, même dans les antiennes de funérailles...

Dominique Guillerm

Le programme : Anthems de joie et de peine de Haendel 
  • Chandos anthem HWV 252
  • Coronation anthem HWV 259
  • Funeral anthem for Queen Caroline HWV 264
  • L’Allegro, Il pensieroso ed Il Moderato HWV 55

Plus d'infos : 
http://ensemble-palaisroyal.com/wp-content/uploads/2010/06/Haendel-musiques-royales.pdf
http://www.facebook.com/groups/5479901965/photos/
ou le site http://ensemble-palaisroyal.com/