Ce blog est le petit frère de

Ce blog est le petit frère de notre site internet

mercredi 26 juin 2013

Démission surprise du président du CNL

On a appris hier par un communiqué diffusé par l'AFP que Jean-François Colosimo avait démissionné, avant terme, de son mandat de président du CNL qui ne devait se terminer qu'en 2015. Pourquoi ? 

L'affaire est d'autant plus inhabituelle que cette démission a été adressée directement au Président de la République et non à Aurélie Filippetti, ministre de tutelle - même si depuis la réforme votée par le Conseil d'administration début 2012 et gelée par la ministre de la culture le 19 juillet 2012, le terme de tutelle n'était plus tout à fait adéquat...
Dans la forme le président du CNL est nommé par le Président de la République et ceci explique peut-être aussi cela. 

Au-delà de ce que l'on peut penser de cette décision - s'il faut en penser quelque chose - il importe de se demander quelles implications elle pourrait avoir pour le secteur de la poésie contemporaine. Et notamment sous l'angle de la question déterminante de sa nécessaire autonomie

Relire les propos du 7 juin


S'il est un peu tôt pour conjecturer les raisons profondes de cette décision inattendue, cette information incite en tout cas à relire avec attention les propos que Jean-François Colosimo avait tenus le 7 juin dernier en préambule d'un débat sur le projet de portail pour l'édition de poésie lors d'une réunion d'éditeurs organisée au Marché de la Poésie, place St Sulpice

En introduction Jacques Darras, président de Circé, l'association organisatrice du Marché de la poésie, avait déclaré : « Une concertation est en cours actuellement mais, et je le dis amicalement, la finalité de cette réforme a été mal saisie des éditeurs et des poètes. Il ne faudrait pas que cela débouche sur une rupture de confiance. Nous sommes attachés au CNL, tel qu'il existe depuis longtemps. »

La réponse de Jean-François Colosimo avait fait lever nombre de sourcils : « Sur la réforme, je ne préjuge pas de ce que décidera la Ministre mais à l'évidence, des inquiétudes persistent. Or, on n'impose pas ce genre de choses s'il n'y a pas de consensus. Si les poètes n'en veulent pas, le CNL ne saurait s'y opposer. »

Et de poursuivre, comme on enfonce un clou pour être certain qu'il tienne : « On est là pour servir le monde du livre et chaque voix est entendue pour ce qu'elle représente. » (...) « J’ai la volonté de comprendre votre inquiétude, de fermer ce chapitre pour avancer.» (...) « Nous sommes là pour la qualité, l'exigence, la différence... Oui, pour chérir la qualité. »

Est-ce que ce sont là des propos d'un président qui va démissionner 15 jours plus tard ? 

Dominique Guillerm

26 juin 2013 : On serait d'abrod tenté de répondre par la négative à la question qui termine cet article mais on apprenait quelques heures plus tard seulement, le même jour, que M. Colosimo était élu président du directoire des éditions du Cerf.



lundi 10 juin 2013

Poésie et sculpture / Appel à contributions

"Psaume" de Camille Claudel




Et si vous n'êtes pas très Facebook, vous pouvez bien sûr vous exprimer ou prendre contact ici-même. (i.e : dans les Commentaires, ci-dessous). 


Un projet de colloque

En toile de fond, nous avons un projet de colloque au voisinage de notre festival pluridisciplinaire O+o de Paris, sur lequel voici quelques liens : 


* Articles du blog
Edition 2013 : 
Edition 2012 : 

* Page Facebook du Festival O+o de Paris 2013

samedi 8 juin 2013

Réforme du CNL : miracle à Saint-Sulpice ?


Est-on à la veille d'une évolution des positions ? En tout cas, les propos du président du CNL lors d'une réunion professionnelle au Marché de la Poésie pourraient le laisser croire. 


Le bref échange entre Jacques Darras (Circé/Marché de la poésie, et Jean-
François Colosimo, président du CNL, préfigure-t-il une sortie de crise ?
Une réunion des éditeurs de poésie avait lieu vendredi 7 juin à 10h au Marché de la poésie autour d’un projet de portail d’information et de vente en ligne. Mais ce qu’ont retenu beaucoup des professionnels présents c’est aussi l’échange préliminaire qui a eu lieu entre Jacques Darras, président de Circé, l'association organisatrice du Marché de la poésie, et Jean-François Colosimo, président du Centre National du Livre. 

En introduction de cette matinée, J. Darras, après avoir remercié J-F. Colosimo de sa présence, a tenu à résumer pour lui les propos qu’il avait tenus la veille lors de l'inauguration officielle à laquelle le président du CNL n'avait pu assister.

Sujet de ces propos, on le devine, la réforme du CNL… Après avoir été gelé par la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, suite notamment à la levée de boucliers des poètes l’été dernier, ce projet de réforme agite à nouveau les esprits depuis début mai.
Divers courriers et lettres collectives de poètes renommés ont été adressés aux instances concernées, les téléphones vrombissent, des courriels s’échangent. De son côté, l’Union des poètes s’est saisie du sujet dès qu’elle en a été informée et ses tracts circulaient sur le Marché dès jeudi matin. 

« Une concertation est en cours actuellement, a commencé Jacques Darras, mais, et je le dis amicalement, la finalité de cette réforme a été mal saisie des éditeurs et des poètes. Il ne faudrait pas que cela débouche sur une rupture de confiance. Nous sommes attachés au CNL, tel qu'il existe depuis longtemps. »
Jean-François Colosimo répond d’abord qu’il est heureux d'être ici aujourd'hui par cette belle matinée, regrettant de n’avoir pu assister la veille à l'inauguration « retenu par le plan Librairie qui nécessite nombre d’ajustements administratifs et financiers. »

Mais il n’élude pas la question : « Sur la réforme, poursuit-il, je ne préjuge pas de ce que décidera la Ministre mais à l'évidence, des inquiétudes persistent. Or, on n'impose pas ce genre de choses s'il n'y a pas de consensus. Si les poètes n'en veulent pas, le CNL ne saurait s'y opposer. »

« J’ai la volonté de fermer ce chapitre pour avancer.» 


Un blanc... Pendant lequel beaucoup de regards se croisent dans le public avant d’aller se perdre sur les murs ocres de la massive façade de l'église Saint-Sulpice comme si quelque chose était, peut-être, en train de changer.
« On est là pour servir le monde du livre, poursuit Jean-François Colosimo, et chaque voix est entendue pour ce qu'elle représente. » (...) « J’ai la volonté de comprendre votre inquiétude, de fermer ce chapitre pour avancer.» (...) « Nous sommes là pour la qualité, l'exigence, la différence... Oui, pour chérir la qualité. » Verbatim.

Un ange passe tranquillement avant que la discussion ne s’enclenche sur la question du Portail, l'officiel sujet du jour. Souhaitons que ce ne fût un ange sulpicien, en tout cas au sens de Léon Bloy.

Dominique Guillerm

PS : Nous essaierons de mettre en ligne rapidement la suite de cet article sur le sujet du Portail… Mais, si ces sujets vous intéressent, vous pouvez aussi partager notre réflexion sur la nécessaire autonomie de la poésie contemporaine. 

jeudi 6 juin 2013

Sur la place du Marché


Après un printemps difficile, l'été revient avec son Marché. 
Toujours sur la place Saint-Sulpice mais pour combien de temps encore ?
Ah oui, la poésie prend des coups ces temps-ci...

Et pourtant vous êtes des milliers à la sentir toujours plus nécessaire et à le dire ici, ou sur Facebook ou sur vos blogs ou dans les multiples rassemblements où nous sommes encore chez nous avec la parole au centre. 

Aux sceptiques qui, autour de vous, réclameraient des preuves de cet inaltérable vitalité, vous pouvez répondre par exemple par le succès du site Recours au Poème

Vous pouvez même leur décocher un chiffre, si c'est ce qu'ils attendent : plus de 8000 personnes s'y connectent chaque semaine pendant une durée de plus de 8 minutes. Pourquoi 8, parce que les responsables du site, Gwen Garnier-Duguy et Matthieu Baumier, ont considéré que cela permettait de ne pas prendre en compte les visites de simple curiosité mais uniquement les "vrais" lecteurs. Les chiffres aussi ont leur morale et leurs petites exigences; cela s'appelle l'honnêteté intellectuelle. 

Encore un chiffre qui est une preuve

Un vrai bonheur que ce succès de qualité dans la durée. Et même dans la quantité avec l'équivalent d'environ 150 pages proposées chaque semaine... L'intérêt de ce succès de fréquentation est aussi qu'il permet de clouer le clapet et de faire avaler leur chique à ceux qui croient encore que la poésie, voyons, vous savez bien que cela n'intéresse personne. 

On pourrait sourire de cet aveuglement si certains décideurs ne pensaient encore ainsi dans un ministère qui s'obstine à mettre en danger le Printemps des Poètes pour quelques dizaines de milliers d'Euros, le ministère de Vincent Peillon, un philosophe... Allez comprendre ! Ceux qui découvriraient aujourd'hui le problème trouveront ici ou bien là divers liens qui l'exposent. 

Heureusement, un autre ministère semble penser et agir autrement, dans la mesure de ses moyens (financiers et politiques). Ceci vise clairement la façon dont Aurélie Filippetti dit sans ambiguité le mal que la technik (dans l'acception du Heidegger de 1956), c'est-à-dire aujourd'hui Amazon est en train de faire au livre, par exemple dans cet article de ActuaLitté

L'hôte du ministère de la culture prouve continûment, jusqu'ici, qu'elle applique sa ligne politique développée dans l'Humanité le 1er octobre 2012 : " Je crois que cette mission de la culture, malgré la crise et plus que jamais à cause de la crise, est de revenir à la littérature, à la poésie." 

Bon Marché à tous... celui de la poésie étant sans doute celui où le moins d'argent rencontre le plus de richesse. 

Dominique Guillerm


NB  : Ceux que ces questionnements intéressent peuvent suivre le travail de la commission Etat des lieux de l’Union des Poètes et Cie ou même nous y rejoindre. Prochaine A.G le 7 juin à 19h à la mairie du 2e ardt de Paris.