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mardi 28 janvier 2020

Retour sur Les commencements - PoéSam#2


© Claire Négros-Comereuc.

Le salon de la vénérable demeure était comble pour la seconde soirée Poésie et samovarCe samedi 18 janvier 2020, de 17h à 18h30, Sabine Péglion et le poète mystère, après un thé d'accueil offert au public, se sont échangé des poèmes en répons pour célébrer ce qui commence. 



Et ce qui commence, pour Sabine Péglion, c'est sans cesse l'écriture :

Vaste   
la feuille   dépliée  étale
    là       si près 
             la blancheur d’un espace
Les mots y dessinent un chemin
 brisent le silence
(...)

Elle-même anime des soirées de poésie chaque mois à Paris, après en avoir longtemps organisé à Marly et au Vésinet. Elle a publié une quinzaine de recueils, des livres d’artistes, des anthologies...

Son premier livre était « Métamorphoses » en 2005 chez Hélices et le dernier « Ces mots si clairs semés » (éd. La tête à l’envers). Elle a aussi publié un CD assorti d'un volumineux livret intitulé « Rumeurs du monde » aux éditions Sous la lime.

Ces mots, Sous la lime, viennent d’un vers de « L’art poétique » de Verlaine.
De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l‘impair,
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.
(...) 
O qui dira les torts de la Rime !
Quel enfant sourd ou quel nègre fou
Nous a forgé ce bijou d'un sou
Qui sonne creux et faux sous la lime ?

De la musique encore et toujours ! 
Que ton vers soit la chose envolée 
Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée 
Vers d'autres cieux à d'autres amours, 

Que ton vers soit la bonne aventure
Éparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym...,
Et tout le reste est littérature.

« Et tout le reste est littérature »

C'est un peu raide pour la littérature mais on comprend la pointe. Et ainsi s'est poursuivi ce deuxième épisode des soirées « poésie et samovar », préfiguration du  Festival du N
Ce dernier est programmé pour le 6 septembre 2020 dans le parc du Wood Cottage. C'est un dimanche et il fera beau.

De cette soirée de lectures, la photographe Claire Négros-Comereuc a saisi de belles images insérées ici avec le programme détaillé de la soirée. 

 Les textes 


Une vingtaine de poèmes, cousus de transitions par Dom, ont formé ce costume d’Arlequin.

1 - Sabine Péglion : « Vaste, la feuille… »

extrait de « Traversée nomade » (ed. Sous la Lime)

2 - En écho « L’art poétique » de Verlaine


Notre thème ce soir, les commencements : l’étincelle initiale, le feu natal.
Tout commence par une route, toutes les traversées, tous les voyages, toutes les existences, avec ou sans enfants. Et toujours de bon matin…

3 - Sabine Péglion : « Rumeur de l’aube »  

Rumeur de l’aube
aux éclats de bleuets 
Les portières se rebellent 
dans le cri des enfants

Sabine Péglion dans l'objectif de Claire Négros-Comereuc©

4 - Mais au fait, le poète mystère ?

Ce poète mystère annoncé sur l’affiche, quel est-il ?
C'est une galaxie, c'est un nuage des poèmes que l’on aime, des poètes que l’on fréquente ou qui nous sont restés dans un coin de la mémoire scolaire. Chacun a son poète mystère.

Aujourd'hui, nous accompagne celui d’un écrivain mort le même jour que le chanteur Jean-Philippe Smet, dit Johnny Halliday. Cet académicien élégant, brillant, qu'il est inutile de nommer, citait à la volée Dante et Chateaubriand et tout un panthéon personnel d’écrivains et surtout de poètes. 
Il en avait fait un joli compagnon de promenade : "Et toi mon coeur pourquoi bats-tu" édité chez Laffont en 2003. On a mis ce soir certains de ces textes en dialogue avec la poésie de Sabine Péglion.

5 - Sabine Péglion, « Dans le ciel de nos rêves »

jusqu'à « l’aube de ce qui n’est plus un rêve ».

Ce qui n'est plus un rêve, c’est donc la vie ! Qui se lève et qui va.

6 - Rimbaud - Péguy - La Fontaine

La vie qui va comme chez Jean-Arthur Rimbaud dans « Ma bohème » : « Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées... »
Avec en écho Charles Péguy : « Nous allons devant nous, les mains le long des poches (…) sans hâte ni recours. ».
Car « L’innocente beauté des jardins et des jours / Allait faire à jamais le charme de ma vie ». Merci ! Qui ? La Fontaine !

7 - Sabine Péglion : "Vois, la brume s'est levée" 

Dans un « carillon de lumière » a-t-elle dit « parmi les branches / l'enfant s'élance » comme un trait… C'est là un autre genre de commencement...

8 - AxoDom : " Un trait dans la forêt "

© Claire Négros-Comereuc
"Rien qu’un trait
une puissance nue et brutale
un éclair de nuit distrait
(...)
un trille de cristal mobile
parmi cent mille surprises
un hoquet, une incise
une grâce."

9 - Sabine Péglion: « Un battement d’ailes »

Un vers de Sabine : « ton pas suspendu / incertain / hésite », fait surgir de la malle du poète-mystère ce chef d’œuvre de Valéry : « Les pas »

10 - Paul Valéry : « Les pas »

Tes pas, enfants de mon silence, 
Saintement, lentement placés, 
Vers le lit de ma vigilance 
Procèdent muets et glacés.  
(...)
Ne hâte pas cet acte tendre, 
Douceur d’être et de n’être pas, 
Car j’ai vécu de vous attendre 
Et mon cœur n’était que vos pas.

Extrait du recueil Charmes de 1922 dont Alain, notre philosophe de la rue Émile-Thiébaut, a publié à la fin des années 20 de subtils commentaires chez Gallimard.

Pour d'autres commencements, il faut sauter en Afrique et entendre du temps, des totems et des tambours…

11 – Sabine Péglion : « Temps, totems, tambours »

« Il est un port / où je retrouverai / ces voiles déployées 
(…) 
prêts à tous les rivages / et je prendrai le large. »

Prendre le large donc

... et un peu de thé avant de se quitter sur ces derniers mots de l’italien Cesare Pavese : 
« L’unique joie au monde est de commencer. Il est beau de vivre car vivre c’est commencer, toujours, à chaque instant.Quand ce sentiment fait défaut – prison, maladie, habitude, stupidité – on voudrait mourir. »
Oui, la joie à chaque âge et à tout instant, c'est de commencer. Mais, pour l'heure, "Poésie et samovar" vous salue. 
Le Festival du N… poursuit sa mue. Né à Paris, sous le nom de O+O de Paris derrière la place d’Italie, où pendant 6 ans il a réuni plusieurs dizaines d’artistes divers, poètes, peintres, sculpteurs, conteurs… et environ 2000 visiteurs dans le quartier de la butte aux cailles, il va continuer ici, dans le parc, le dimanche 6 septembre 2020. 

Prochaine soirée le samedi 14 mars.


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