C'était à la fois l'une des meilleures émissions consacrées à l'actualité de la poésie et... la dernière après l'éviction de Colette Felous et, quelques temps plus tôt, d'André Velter.
Pour éclairer ce dernier dossier, voici d'abord la lettre ouverte que Jean-Pierre Siméon, directeur artistique du Printemps des Poètes, avait envoyé à Olivier Poivre d'Arvor, directeur de France Culture, le 23 juin 2015. Puis la réponse de ce dernier, rendue publique début août.
La lettre ouverte de Jean-Pierre Siméon
Monsieur le Directeur,
J'ai appris avec stupéfaction et consternation la suppression de l'émission Ça rime à quoi,
seul magazine consacré à l'actualité poétique de tous les média audio-visuels nationaux,
tant publics que privés.
Cette exception était l'honneur de France Culture précisément, n'était-ce pas aussi son devoir, étant donné l'exclusion dont pâtit la production éditoriale poétique dans les lieux uniquement régis par la loi de l'audimat ?
Si nous ne pouvons qu'approuver par ailleurs le retour sur l'antenne de lectures quotidiennes de poésie, cette initiative ne saurait que s'ajouter, et non se substituer au magazine d'information et de réflexion que Sophie Nauleau animait avec la plus grande compétence. On ne saurait objecter qu'il y a d'autres émissions d'actualité littéraire, l'expérience ayant prouvé mille fois qu'étant donné le poids de la fiction et des essais, la poésie en est quasiment toujours la grande absente.
Au nom de tous ceux, nombreux, qui aujourd'hui se battent pour maintenir une place à la poésie dans l'espace public, je me permets de vous demander de reconsidérer une décision qu'ils ne peuvent admettre.
Nous appelons les poètes et les amateurs de poésie à faire part de leur désapprobation de la suppression de l'émission Ça rime à quoi en écrivant au directeur de France Culture : 116 avenue du Président Kennedy, 75220 Paris cedex 16.
Jean-Pierre Siméon, directeur artistique du Printemps des Poètes
Cette exception était l'honneur de France Culture précisément, n'était-ce pas aussi son devoir, étant donné l'exclusion dont pâtit la production éditoriale poétique dans les lieux uniquement régis par la loi de l'audimat ?
Si nous ne pouvons qu'approuver par ailleurs le retour sur l'antenne de lectures quotidiennes de poésie, cette initiative ne saurait que s'ajouter, et non se substituer au magazine d'information et de réflexion que Sophie Nauleau animait avec la plus grande compétence. On ne saurait objecter qu'il y a d'autres émissions d'actualité littéraire, l'expérience ayant prouvé mille fois qu'étant donné le poids de la fiction et des essais, la poésie en est quasiment toujours la grande absente.
Au nom de tous ceux, nombreux, qui aujourd'hui se battent pour maintenir une place à la poésie dans l'espace public, je me permets de vous demander de reconsidérer une décision qu'ils ne peuvent admettre.
Nous appelons les poètes et les amateurs de poésie à faire part de leur désapprobation de la suppression de l'émission Ça rime à quoi en écrivant au directeur de France Culture : 116 avenue du Président Kennedy, 75220 Paris cedex 16.
Jean-Pierre Siméon, directeur artistique du Printemps des Poètes
La réponse d'Olivier Poivre d'Arvor
Monsieur le Directeur artistique du Printemps des Poètes,
Cher Jean-Pierre Siméon,
Comme j'ai eu l'occasion de vous le dire lors de notre conversation téléphonique, nous avons souhaité à partir de la rentrée 2015, renouveler et développer de manière importante l'offre de la poésie et de son actualité sur France Culture.
La poésie est et restera, sur notre chaîne de service public, un élément déterminant de notre cahier des charges. Plus que jamais, comme notre programmation le démontre.
En lieu et place du magazine de 30 minutes Ça rime à quoi, c'est désormais un nouveau magazine d'information, de réflexion et de création d'une heure Poésie et ainsi de suite, produit par Manou Farine, qui rendra compte de l'actualité de la production éditoriale poétique. Il sera programmé de manière hebdomadaire, dans la tranche des Ateliers de la création, soit le vendredi de 23h à 24h, tranche particulièrement suivie par nos auditeurs. Il permettra évidemment d'entendre la voix des poètes d'aujourd'hui, notamment à partir d'entretiens.
Par ailleurs, comme j'ai déjà eu l'occasion de vous le dire, tous les jours de septembre à juin, un nouveau rendez-vous est désormais créé dans la grille de la station : une lecture de quelques minutes par Jacques Bonnaffé d'un poète contemporain, soit 44 poètes en un an. L'horaire (l'après-midi), sera fixé très prochainement. par ailleurs, pendant la grille d'été 2016, nous pourrons ré-entendre ces lectures.
Comme vous le voyez, la poésie trouvera à cette rentrée dans l'espace public de la radio une place plus importante et contentera de nombreux auditeurs.
Je vous serais reconnaissant de bien vouloir porter à la connaissance de toutes celles et ceux qui font vivre aujourd'hui la poésie cette nouvelle programmation.
Je vous prie de croire, Cher Jean-Pierre, à l'expression de mes sentiments les meilleurs.
Olivier Poivre d'Arvor, directeur de France Culture.
Précisons qu'Olivier Poivre d'Arvor avait indiqué le 10 juillet dernier à l'AFP avoir été limogé de son poste de directeur de France Culture qu'il doit quitter à la fin du mois d'août...
AxoDom
Si ?Quoi que cèlent les querelles
le pouvoir est au couteau
bien plus qu’à la beauté.
Mais la poésie a besoin des ailes
et du mouvement des ondes
pour s’envoler jusqu’au monde.
On ne peut sans cruauté
oter
la mer sous les bateaux.
AxoDom